dimanche 7 juin 2009

Communiqué sur le DNB ( Diplôme National du Brevet des Collèges)

Un document de travail intitulé « Projet d’architecture pour le diplôme national du brevet (DNB) » a été mis en circulation par le ministère. Ce document qui accorde une place importante à « l’histoire des arts » puisqu’il en fait une des deux épreuves orales (bien que le coefficient ne soit que de 1) nous intéresse donc au premier chef. Cependant, pour bien apprécier la place que cette nouvelle question devra prendre dans l’architecture de ce brevet
« rénové » il faut la situer dans l’ensemble dans lequel elle s’inscrit.

Le nouveau DNB et le service public national.
Un parcours rapide du document ministériel montre la priorité donnée à la validation « en interne », c’est-à-dire dans le cadre de l’établissement, de la majorité des « composants obligatoires » de l’examen. C’est le cas du premier composant portant sur le « socle commun » ; c’est le cas des deux épreuves orales (dont celle portant sur l’histoire des arts) du second composant, celui des épreuves obligatoires ; c’est enfin le cas du dernier composant qui repose sur le « contrôle continu » et la note de « vie scolaire ». Ainsi, le nouveau DNB, bien que présenté toujours comme un examen national, serait en fait subordonné majoritairement à des exigences locales. Non seulement la validation des épreuves (quand il y a épreuves) peut se faire en « interne », mais les modalités de l’épreuve peuvent varier considérablement d’un établissement à l’autre, voire d’une classe à une autre. Le caractère national de l’examen ne serait plus qu’une coquille vide et le DNB obtenu dans un collège ne serait pas le DNB obtenu dans un autre collège. Si le cadre réglementaire de ce DNB devait s’imposer, il constituerait un précédent qui pourrait annoncer d’autres
« rénovations » de même nature, celle du BAC par exemple. Ce serait la fin programmée des diplômes nationaux dans le second degré selon un processus déjà largement entamé dans les filières professionalisantes et dans le supérieur (LRU et tentative de « mastérisation » des Capes).

La vérification des connaissances : l’exemple des langues vivantes.
La première épreuve orale du composant 2 portant sur la « langue vivante » choisie par l’élève nous donne une idée de la « rigueur » envisagée pour contrôler les connaissances. L’élève, nous dit le texte ministériel, présentera un dossier qui sera évalué par un jury en binôme « comportant au moins un professeur de la langue choisie par le candidat ». Cette précision est surprenante tant elle semble évidente : comment juger d’une discipline si on ne la connaît pas ? Pourtant l’incompétence est parfaitement admise pour le second membre du jury puisque rien n’est précisé à son propos. Ainsi, un dossier d’anglais ou d’espagnol pourrait être évalué par un jury dont un membre sur deux pourrait ne pas connaître un seul mot de ces langues. Sur quoi porterait son évaluation ? Sur une méthodologie ? Mais comment séparer une méthodologie de son objet ?

L’histoire des arts.
L’histoire des arts concentre l’esprit de la « réforme ». Notons que le document ministériel ne la définit ni comme une discipline ni comme un enseignement. Ces termes ne sont jamais employés. Il est seulement question de « travail » et tout ce qui en est dit est qu’il serait « à dimension historique et culturelle », ce qui est pour le moins vague. Son évaluation se ferait, là aussi, en interne avec un jury composé de deux enseignants. Mais si pour l’épreuve de langues vivantes un spécialiste sur deux est tout de même exigé dans le jury, il n’en va pas de même pour l’histoire des arts. Rien n’est précisé en ce qui les concerne. Les professeurs d’arts plastiques et d’éducation musicale, qui sont les seuls spécialistes en poste actuellement dans les établissements, ne sont même pas cités. Autrement dit, le caractère disciplinaire de cette épreuve disparaît totalement puisqu’elle ne justifie d’aucune compétence particulière.
Elle peut donc être évaluée par n’importe qui et ne répond à aucun objectif d’enseignement.

Il faut insister sur la pure et simple escroquerie qu’il y a à parler ici d’interdisciplinarité. Par définition l’interdisciplinarité suppose les disciplines. Elle repose sur leur mise en relation, ce qui implique à la fois leur reconnaissance et leur affirmation. L’interdisciplinarité a toujours été pratiquée dans les lycées et les collèges par la mise en commun de savoirs disciplinaires d’enseignants appartenant à des disciplines différentes pour la réalisation d’un projet pédagogique commun. Elle ne repose jamais sur la dilution de ces savoirs. Ainsi, le professeur de lettres, d’arts plastiques et d’éducation musicale peuvent, par exemple, collaborer en s’appuyant sur leur discipline respective, pour l’étude des mouvements Baroque et Classique dans une classe de 4°. Ce n’est, bien sûr, qu’un exemple. Mais il suffit à montrer que nous sommes aux antipodes d’une « l’histoire des arts » non fondée sur des savoirs disciplinaires et aux contours indéterminés.

C’est précisément cette indétermination qui permet d’introduire le flou dans les frontières et dans la définition du service public. Bien qu’il ne soit pas cité dans le document de travail nous ne pouvons oublier le BO n° 19 du 8 mai 2008 qui précisait que le DNB nouvelle formule permettrait que « les élèves (puissent) également valoriser une pratique artistique personnelle, développée dans ou en dehors de l’école ». Ainsi, sous prétexte de valoriser l’art à l’école (mais non son enseignement disciplinaire) on est en présence d’une attaque en règle contre le service public et les disciplines enseignées.
Toutes les disciplines sont concernées.

Notre position.
Le Collectif du 22 novembre se prononce pour le rejet du document de travail présenté par le ministère ainsi que la circulaire du BO n°19 du 8 mai 2008.
Il considère que le projet est inamendable et ne peut en aucun cas être une base de discussion. Bien au contraire, son retrait pur et simple doit être la condition préalable à toute négociation.

Il s’adresse à toutes les organisations syndicales pour qu’elles :
rejettent en bloc le document ministériel.
opposent un front uni contre des réformes qui ne sont que des contre-réformes, qui cherchent à imposer le pire présenté frauduleusement comme un mieux.