lundi 5 janvier 2009

LE NOUVEAU CAPES

Courant décembre a été remis aux professeurs d'université un "document de travail" présentant une maquette des nouveaux CAPES, notamment celui d'Arts Plastiques. Ce document est non public. Il n'en reste pas moins qu'il engage le recrutement des professeurs sur une voie très inquiétante. Analyse critique et réactions.

Le nouveau Capes d'Arts Plastiques, « mastérisé » (ou plus exactement, à intégrer dans le nouveau master), tel qu'il est présenté dans un « document de travail », comporterait, comme le précédent, quatre épreuves : deux pour l'admissibilité et deux pour l'admission. Mais elles changeraient substantiellement de contenu.

L'épreuve dite de « culture artistique » de l'ancien Capes, n'était déjà plus une épreuve d'histoire de l'art. Mais elle ne s'en appuyait pas moins sur l'histoire de l'art avec deux questions précises mises au programme portant sur l'art ancien et sur l'art moderne et contemporain. Le Capes nouvelle formule supprime totalement cette référence. Il est seulement question de « sujet à consignes précises » sans que rien de précis ne soit apporté sur cette « précision ». Tout ce que nous savons c'est que les candidats auront à traiter « un dossier documentaire, iconique et textuel » à partir duquel ils devront « construire une réflexion d'ordre épistémologique et pédagogique » ce qui déborde la vérification des compétences disciplinaires vers le pédagogique et cela de manière si floue et si vague que les rédacteurs ne semblent pas y croire eux-mêmes. En effet cette réflexion, qui est pourtant le seul cadre donnée à cette épreuve n'est pourtant pas impérative pour les candidats puisqu'ils pourront ne pas « s'y réduire ». En remettant en cause leurs propres critères déjà flous, les auteurs ministériels augmentent encore ce flou au point que nous sommes bien obligés de penser qu'il constitue, en lui-même, un choix programmatique.

Il peut paraître paradoxal, qu'au moment précis où l'on prétend imposer l'histoire des arts au collège, on supprime, dans le concours de recrutement des futurs professeurs d'Arts plastiques, la vérification des compétences disciplinaires dans ce domaine. Mais il est évident que le paradoxe n'est qu'apparent. Si, comme nous le savions déjà, cette histoire des arts peut être « enseignée » - ou plutôt « assurée » - par n'importe qui, collègues appartenant à d'autres disciplines, étudiants stagiaires, intervenants extérieurs divers, etc., on n'a que faire d'enseignants spécialistes dont la compétence a été vérifiée par le concours. Le nouveau dispositif du concours ne fait que confirmer de façon particulièrement nette ce que nous pressentions. Il n'y a pas lieu de nous réjouir d'avoir eu raison.

La vérification des compétences pratiques ne seront pas mieux loties. Bien au contraire. De deux épreuves que comportait l'ancien concours nous passerions à une seule, aux ambitions de plus très limitées puisqu'elle se bornerait à s'assurer que le futur professeur en sait un peu plus que ses élèves, c'est-à-dire (en gros) qu'il est capable de faire ce qu'il sera censé leur demander. Le texte est clair : le cadrage de l'épreuve est « une problématique issue des programmes du collège ou du lycée ». Même le format imposé est en réduction et prend un tour étriqué : du format Grand-aigle nous passerions au demi Grand-aigle. Quant à la durée, elle passerait de huit heures à cinq heures...

Si les réformateurs ministériels sont peu soucieux des compétences disciplinaires des futurs enseignants ils le sont par contre beaucoup de leur docilité. Les deux épreuves d'admission auront pour fonction spéciale de la tester. Le première épreuve reprend pour l'essentiel, le concept de « la leçon », ancienne formule en ajoutant, parmi les options, les arts numériques. Mais la définition de la seconde épreuve – celle qui remplace la pratique artistique d'admission – va beaucoup plus loin. Il s'agira de « vérifier (ici, on vérifie avec soin) les connaissances du candidat relative aux valeurs et aux exigences du service public, du système éducatif et de ses institutions et, de manière plus générale, à son aptitude à exercer le métier dans le second degré. » Sachant que la nature de ces « valeurs », de ces « exigences » et de ces « institutions » ne peut, dans ce contexte, se poser dans l'abstrait mais bien en relation avec la forme concrète qu'elle a pris au travers des réformes imposées, c'est donc nécessairement l'adhésion à ces réformes qui se trouve réellement vérifiée. Ainsi, la « philosophie » du nouveau Capes trouve ici sa « vérité » : préformer et recruter un personnel conforme à l'esprit des réformes et répondant aux vœux du Ministre et du Président.

Le groupe organisateur du 22 novembre.

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